Dimanche 17 janvier 2010 à 22:23

Corbeau fous sous bruine

ARRIVÉ ! ENFIN.
  Un sac à dos sur l’épaule droite, trois sacoches pendant sur la gauche, je regarde ma nouvelle ville, la ville de Léa. Le car m’a laissé planté là comme un con, chargé comme un bœuf, mais ça, je ne m’en rends pas compte, sur le moment. Il est 16 h 07, et je vais voir Léa.
  Dans ma main un bout de papier, signé d’une bouche de rouge à lèvres. Rouge sang. Sa couleur.
  Il y a beaucoup de gens, autour de moi, chargés comme des bœufs, plantés comme des cons. Et partout devant moi, il y a aussi des gens. Partout.

  « Tu passes le carfour », je lis, pensant que la faute d’orthographe est la plus mignonne du monde.
Puis, je comprends que c’est juste un jeu de mots, lorsque j’aperçois un minibus sur lequel on a peint un four.
Un vrai four, mais avec des roues et des essuie-glace.
  Je passe le carfour.

  « Tu continues tout droit, puis tu tournes à droite au panneau qui flèche l’opéra et le théâtre. » Elle est belle, son écriture. Ça me rappelle son joli visage. Je suis tellement bloqué dans ma vision de ses yeux que je manque de rater le panneau. J’ai été réveillé par un corbeau. Un corbeau volant sur le dos. Ébloui par mon amour, je me souviens d’avoir pensé. Ce n’est pas ça, mais je ne m’en rendais pas compte, à l’époque.
  Je passe devant l’opéra. Ou plutôt devant le derrière de l’opéra. Une chorale de petits monstres et leurs musiciens nounous attendent leur passage sur scène.
Même un dimanche, les pauvres !
  Je ne sais pas encore ce que c’est d’avoir des mômes, à ce moment de ma vie. Je suis encore jeune. Mais je suis surtout amoureux.

  « Passe devant l’"atelier" et tourne à gauche juste après. »
À la vue des guillemets autour de l’atelier, je ne sais pas à quoi je dois m’attendre. La coquine, elle veut me perdre !
  Mais non.
    Je passe devant un garage plein de céramistes et de peintres. Ça ressemble à un atelier, même si, aujourd’hui, il y a plutôt une expo photo.

  « Tu arrives sur une placette, Anna t’attendra. »
J’arrive sur la placette.
  La place.
    La grand place.
Je relis le papier. « placette ».
  Je me suis trompé ? Où ? Quand ?
Je regarde autour de moi.
Les vieux sur un banc, les gosses qui gueulent, des jeunes qui jouent aux boules, des platanes gigantesques, des réverbères et des pavés mouillés éclairés par leur éclat…
… un ronronnement à mes pieds…
Anna !
  Anna, c’est le chat de Léa. Il s’appelle comme ça parce qu’elle l’a trouvé un 19.9.91 à 21h12.
    Deux palindromes.
      Eh bien, Anna, je te suis.
Amène-moi à Léa.

Alyss


Contraintes :
1/ Vous êtes un bonhomme amoureux et pudique.
2/ Vous êtes dans une ville pleine de gens serrés.

3/ Il y a Anna.

4/ Il y a une grande place avec des gosses qui gueulent et des vieux assis, des mecs et des meufs qui jouent à la pétanque, et des platanes.

5/ Il y a des corbeaux qui volent sur le dos (pour ne pas voir toute cette misère).

6/ Il y a des céramistes, des peintres, des musiciens, une chorale d’enfants, un opéra, un théâtre, un atelier…

7/ Il y a un four… et des pavés luisant sous la bruine.

 

Dimanche 17 janvier 2010 à 20:50

 Libellule Mi bémol  

  Et là, juste là, à ce temps précis, tu as oublié.
    Tu as tout oublié.
  Déjà, tu étais venu en cours, sans tes notes.
    Soupir.
    Silence, même.
  La prof n’avait pas pipé mot.
    Et là.
      A ce moment là, ce temps là, tu as oublié. Tout oublié.
    Même jusqu’à ton nom.

   Forcément, tu ne te souviens pas.
  Tu ne te rappelles pas t’être laissé porter, au rythme des cors. Au rythme de ton corps.
  Pourtant, à tous tes concerts, quand on te rappelait pour un dernier rappel, tu savais que faire. Que jouer.
    Que faire de ton jouet préféré qui jusqu’à lors était un djembé.
Mais tu as oublié.
  Tu ne sais plus ce qu’est la musique. Tu ne sais plus ce qu’est la vie. La vie en musique, la musique étant la vie. 
  Tout ça à cause d’un contre – temps.
    Plusieurs, même.
Ayant perdu tes clés, les clés de tes serrures crochetées, tu n’as même pas su si Rémi était là.
  Pourtant il l’était, là, dos au sol.
    Mais tu ne l’as pas vu.
      Tu es donc descendu, dans la rue, sans faire attention au monde, changeant autour de toi.
  Tu n’as même pas vu les canons, balançant blanches, noires et rondes plutôt canons, qui chantaient en canon.
  Tu n’as pas entendu la cacophonie des manifestants en désaccord, qui souhaitaient contrer à temps les fausses notes des chefs orchestrant, de concert, la fin du monde.
  Le monde des muses.
  Les muses d’Ikal. 

  Mais tu ne sais plus qui est Ikal.
    Et moi aussi, j’oublie, dans le vacarme incessant des mélodies urbaines.
Tu as oublié, tout comme j’oublie, l’harmonie des crépitements d’un feu, dans une odeur de papier d’Arménie. D’harmonie.
  Tu as oublié les échos des cœurs, battant la chamade comme on bat un tambour.
    Et moi, j’oublie le pianotement des gouttes de pluie sur les vitres des fenêtres.
      Les fenêtres de nos âmes. 

  Tout ça, depuis que la musique est prohibée, mollement mais sûrement, pars les bémols de la société.

Alyss


Consigne :  Ecrire une société, un pays, une ville, un quartier, au choix, changé par la musique / Changer la société, le pays, etc, avec la musique.

Dimanche 17 janvier 2010 à 20:36

> Retombée dedans ya pas longtemps.

A lire...


http://milkmak.psykopat.cowblog.fr/images/97825050034412.jpg
Celle que je ne suis pas
Vanyda

Mardi 2 juin 2009 à 19:52

Bon, je ne suis pas stupide, je sais que personne, ou presque, ne lira ce passage, cependant, si vous êtes un tout petit peu courageux, et que vous aimez la lecture, je vous conseille de consacrer quelques minutes, voire même moins, à cet article...
Voili voilou, je vous laisse choisir... :)


' James sourit.
  - Pug m'a donné un message. Il m'a dit que si jamais j'avais besoin de parler en son nom, je devrais répéter ce message.
  - Un message susceptible de me donner envie d'aller au port des Étoiles ? dit le petit homme en souriant. Il doit être vraiment extraordinaire.
  - Je suis persuadé qu'il savait, d'une façon ou d'une autre, que je vous rencontrerai, vous ou quelqu'un comme vous, quelqu'un qui serait capable d'apporter une vision nouvelle de la magie, mieux que quiconque au port des Étoiles. Il avait l'impression que c'était important et je crois que c'est pour ça qu'il m'a fait apprendre ces mots : la magie n'existe pas.
Nakor se mit à rire. Il semblait réellement amusé.
  - Pug le magicien a dit ça ?
  - Oui.
  - Alors, répondit Nakor, il est très intelligent pour un magicien.
  - Vous irez au port des Étoile ?
Nakor hocha la tête.
  - Oui. Je pense que vous avez raison. Pug voulait que j'y aille et savait ce que vous auriez besoin de me dire pour me donner envie d'y aller.
Durant tout ce temps, Gamina avait chevauché en silence aux côtés de son mari. Elle prit enfin la parole.
  - Mon père avait un certain don de préscience. Je pense qu'il avait le sentiments que si on les laissait livrés à eux - même, les magiciens de' l'académie s'isoleraient et se replieraient sur eux - même.
  - Les magiciens aiment les grottes, approuva Nakor.
  - Vous pourriez me faire une faveur ? demanda James.
  - Laquelle ?
  - Dites - moi ce que Pug veut dire par la « magie n'existe pas » ?
Nakor réfléchit, le visage plissé en signe de concentration.
  - Arrêtons - nous, proposa - t - il.
James, Gamina et Nakor firent quitter la route à leurs chevaux, et  s'arrêtèrent sur le bas côté, juste à la limite de la cité. Nakor plongea la main dans son sac à dos et en sortit trois oranges.
  - Vous savez jongler ?
  - Un peu, oui, répondit James.
Nakor lança les trois oranges.
  - Montrez - moi.
James, dont la dextérité avait quelque chose de surnaturel, attrapa les trois oranges, les lança dans les airs et commença rapidement à jongler tout en obligeantsa monture à rester tranquille, ce qui n'était pas un mince exploit.
  - Pouvez vous le faire les yeux fermés ? demanda Nakor.
James essaya d'adopter un rythme aussi régulier que possible et ferma les yeux. Il dut se forcer à ne pas les rouvrir et pourtant, à chaque instant, il avait l'impression que la prochaine orange n'allait pas retomber dans la paume de sa main.
  - Maintenant, faites - le d'une seule main.
James ouvrit les yeux et les trois oranges tombèrent par terre.
  - Pardon ?
  - Je vous ai demandé de jongler avec une seule main.
  - Pourquoi ?
  - C'est une astuce, vous ne comprenez pas ?
  - Je ne suis pas sûr, répondit James.
  - Le jonglage, c'est juste un tour de main. ce n'est pas de la magie. mais si vous ne savez pas comment le faire, ça ressemble à de la magie. c'est pour ça que les gens jettent des pièces aux jongleurs dans les foires. Quand vous saurez jongler d'une seule main, vous aurez appris quelque chose. (Il enfonça ses talons dans les flancs de sa monture.) Et quand vous saurez le faire sans les mains, vous comprendrez ce que Pug voulait dire.'

Vendredi 6 mars 2009 à 21:39

http://milkmak.psykopat.cowblog.fr/images/5024LecercledeZenAffiches.jpg « Le symbole indien par excellence est le cercle. La nature veut la rondeur des choses. Les corps des humains et des animaux n’ont pas d’angles. En ce qui concerne les Indiens, le cercle est le symbole des hommes et des femmes rassemblés autour du feu de camp, parents, amis réunis en paix pendant que le calumet passe de main en main. Le camp dans lequel chaque tipi avait sa place forme un cercle. Le tipi est le cercle où l’on s’assoit en cercle. La nation est seulement une partie de l’univers, en lui-même circulaire et fait de la terre qui est ronde, du soleil qui est rond, des étoiles qui sont rondes, et la lune, l’arc-en-ciel, l’horizon sont aussi des cercles insérés dans des cercles insérés dans des cercles sans commencement ni fin.

 

 


Le symbole de l’homme blanc est le cadre. Le cadre de sa maison, des buildings où sont des bureaux, avec des murs de séparation. Partout des angles et des rectangles. La porte qui interdit l’entrée aux étrangers, le dollar en billet de banque, la prison. Les rectangles, ses angles, un cadre. De même pour les gadgets de l’homme blanc – boites, boites et encore boites – téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles. Toutes ces boites ont des coins, des angles abrupts – des arêtes dans le temps, le temps de l’homme blanc, ses rendez-vous, le temps de ses pendules, ses heures de pointe – c’est ce que les coins signifient à mes yeux. Vous êtes devenus les prisonniers de toutes ces boites. »

 

 


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